MICHEL SARDOU

 

 


LES LACS DU CONNEMARA

Refrain :
Terre brûlée au vent
Des landes de pierre,
Autour des lacs,
C'est pour les vivants
Un peu d'enfer,
Le Connemara.
Des nuages noirs
Qui viennent du nord
Colorent la terre,
Les lacs, les rivières :
C'est le décor
Du Connemara.

Au printemps suivant,
Le ciel irlandais
Etait en paix.
Maureen a plongé
Nue dans un lac
Du Connemara.

Sean Kelly s'est dit :
"Je suis catholique.
Maureen aussi."
L'église en granit
De Limerick,
Maureen a dit "oui".

De Tiperrary
Bally-Connelly
Et de Galway,
Ils sont arrivés
Dans le comté
Du Connemara.

Y'avait les Connor,
Les O'Conolly,
Les Flaherty
Du Ring of Kerry
Et de quoi boire
Trois jours et deux nuits.

Là-bas, au Connemara,
On sait tout le prix du silence.
Là-bas, au Connemara,
On dit que la vie
C'est une folie
Et que la folie,
Ça se danse.

Refrain

On y vit encore
Au temps des Gaels
Et de Cromwell,
Au rythme des pluies
Et du soleil,
Au pas des chevaux.

On y croit encore
Aux monstres des lacs
Qu'on voit nager
Certains soirs d'été
Et replonger
Pour l'éternité.

On y voit encore
Des hommes d'ailleurs
Venus chercher
Le repos de l'âme
Et pour le coeur,
Un goût de meilleur.

L'on y croit encore
Que le jour viendra,
Il est tout près,
Où les Irlandais
Feront la paix
Autour de la croix.

Là-bas, au Connemara,
On sait tout le prix de la guerre.
Là-bas, au Connemara,
On n'accepte pas
La paix des Gallois
Ni celle des rois d'Angleterre

 

VLADIMIR ILLITCH

Un vent de Sibérie souffle sur la Bohême.
Les femmes sont en colère aux portes des moulins.
Des bords de la Volga au delta du Niemen,
Le temps s'est écoulé il a passé pour rien.
Puisqu'aucun dieu du ciel ne s'intéresse à nous,
Lénine, relève-toi, ils sont devenus fous.

Toi, Vladimir Ilitch, t'as raison, tu rigoles,
Toi qui as voyagé dans un wagon plombé,
Quand tu vois le Saint-Père ton cousin de Pologne
Bénir tous ses fidèles dans son auto blindée.

Toi, Vladimir Ilitch, est-ce qu'au moins tu frissonnes
En voyant les tiroirs de la bureaucratie ?
Remplis de tous ces noms de gens qu'on emprisonne
Ou qu'on envoie mourir aux confins du pays.

Toi, Vladimir Ilitch, au soleil d'outre-tombe,
Combien d'années faut-il pour gagner quatre sous,
Quand on connaît le prix qu'on met dans une bombe ?
Lénine, relève-toi, ils sont devenus fous.

Où sont passés les chemins de l'espoir ?
Dans quelle nuit au fond de quel brouillard ?
Rien n'a changé : les damnés de la Terre
N'ont pas trouvé la sortie de l'enfer.

Toi qui avais rêvé l'égalité des hommes,
Tu dois tomber de haut dans ton éternité.
Devant tous ces vieillards en superbe uniforme
Et ses maisons du peuple dans des quartiers privés.

Toi, Vladimir Ilitch, si tu es le prophète,
Vient nous parler encore en plein coeur de Moscou
Et répands la nouvelle à travers la planète :
Amis du genre humain, ils sont devenus fous.

 

TOUS LES BATEAUX S'ENVOLENT

Dans une larme d'alcool,
Dans une larme de toi,
Tous les bateaux s'envolent,
Tous les avions se noient
Et sur tes jambes nues,
Mes mains, perdues d'avance,
Montent vers l'inconnu.
Comme un oiseau s'élance.

Mais dans la liqueur bleue
De ton regard qui change,
Les anges, peu à peu,
Aux démons se mélangent.
Naufragé corps et âme,
Je le suis, je le sais,
De la beauté des femmes.
On ne revient jamais

Dans un an,
Dans dix ans,
A la même heure, au même endroit,
Je m'entendrai redire :
"Elle est belle à mourir."
Comme si c'était la première fois.

Les voiles des bateaux
De toutes les couleurs
S'étalent sur les eaux.
L'océan est en fleur
Sur ton corps endormi.
Mes mains, perdues d'avance,
Remontent à l'infini
Comme un jeu d'impatience.

Mais dans la liqueur bleue
De ton regard étrange,
Les démons ténébreux
Aux amours se mélangent,
Naufragé corps et âme,
Je le suis, je le sais,
De la beauté des femmes,
On ne revient jamais.

Dans un an,
Dans dix ans,
A la même heure, au même endroit,
Je te laisserai choisir,
Je me laisserai séduire
Comme si c'était la première fois.

Dans une larme d'alcool,
Dans une larme de toi,
Tous les bateaux s'envolent,
Tous les avions se noient
Et sur tes jambes nues
Mes mains, perdues d'avance,
Montent vers l'inconnu
Comme un oiseau s'élance.

 

MUSULMANES

Le ciel est si bas sur les dunes
Que l'on croirait toucher la lune
Rien qu'en levant les bras.
Comme un incendie sous la terre
Les aurores ont brûlé les pierres,
Blanchi les toits de Ghardaïa.

Voilées pour ne pas être vues,
Cernées d'un silence absolu,
Vierges de pierre au corps de Diane,
Les femmes ont pour leur lassitude
Des jardins clos de solitude,
Le long sanglot des musulmanes.

Refrain :
C'est un cri,
C'est un chant,
C'est aussi le désert et le vent,
Tout l'amour qu'elles ont dans le corps,
La gloire des hommes le chant des morts,
La joie de porter un enfant.
C'est un cri,
C'est un chant,
C'est aussi la douleur et le sang,
Toutes les fureurs qu'elles portent en elles,
La peur des hommes, la peur du ciel,
Et toutes les forêts du Liban.

Elles sont debout sur champs de ruines,
Sous le vent glacé des collines
Que la nuit leur envoie.
Pour elles, le temps s'est arrêté.
C'est à jamais l'éternité,
Le crépuscule de Sanaa.

Voilées pour ne pas être vues,
J'envie ceux qui les ont connues,
Vierges de pierre au corps de Diane.
Hurlant dans le silence énorme,
A l'heure où leurs amants s'endorment,
Le long sangIot des musulmanes.

Refrain

 

LA MÊME EAU QUI COULE

De l'homme que j'étais
A l'enfant que je suis,
De mes coffres à jouets
A mes jeux interdits,

Les chevaux de Lascaux,
Les avions de Vinci,
A part les mots nouveaux,
Je n'ai rien appris.

C'est toujours la même eau qui coule,
C'est toujours le raisin qui saoule,
Des hauts-fourneaux de Liverpool,
La même chanson qui fait danser la foule,
C'est toujours la même eau qui coule.

Les amours ordinaires,
Les chagrins inhumains,
On les voit au scanner,
On les lit dans la main.

Quand le vieux Magellan
Découvrit le détroit,
Il y avait des enfants
Qui s'y baignaient déjà.

C'est toujours la même eau qui coule,
C'est toujours le raisin qui saoule,
Des hauts-fourneaux de Liverpool,
La même chanson qui fait danser la foule.
C'est toujours la même eau qui coule,
C'est toujours le raisin qui saoule,
Des hauts-fourneaux de Liverpool,
La même chanson qui fait danser la foule,
La même chanson qui fait danser la foule.

De l'homme que j'étais
A l'enfant qui vieillit,
J'ai suivi le trajet
Que les autres avaient pris.

Des voyages "Apollo"
Au mystère de ma vie,
A part les mots nouveaux
Je n'ai rien appris.

C'est toujours la même eau qui coule,
C'est toujours le raisin qui saoule,
Des hauts-fourneaux de Liverpool,
La même chanson qui fait danser la foule.
C'est toujours la même eau qui coule,
C'est toujours le raisin qui saoule,
Des hauts-fourneaux de Liverpool,
La même chanson qui fait danser la foule,
C'est toujours la même eau qui coule.

 

LA MALADIE D'AMOUR

Elle court, elle court,
La maladie d'amour,
Dans le coeur des enfants
De sept à soixante dix-sept ans.
Elle chante, elle chante,
La rivière insolente
Qui unit dans son lit
Les cheveux blonds, les cheveux gris.

Elle fait chanter les hommes et s'agrandir le monde.
Elle fait parfois souffrir tout le long d'une vie.
Elle fait pleurer les femmes, elle fait crier dans l'ombre
Mais le plus douloureux, c'est quand on en guérit.

Elle court, elle court,
La maladie d'amour,
Dans le coeur des enfants
De sept à soixante dix-sept ans.
Elle chante, elle chante,
La rivière insolente
Qui unit dans son lit
Les cheveux blonds, les cheveux gris.

Elle surprend l'écolière sur le banc d'une classe
Par le charme innocent d'un professeur d'anglais.
Elle foudroie dans la rue cet inconnu qui passe
Et qui n'oubliera plus ce parfum qui volait.

Elle court, elle court,
La maladie d'amour,
Dans le coeur des enfants
De sept à soixante dix-sept ans.
Elle chante, elle chante,
La rivière insolente
Qui unit dans son lit
Les cheveux blonds, les cheveux gris.

Elle court, elle court,
La maladie d'amour,
Dans le coeur des enfants
De sept à soixante dix-sept ans.
Elle chante, elle chante,
La rivière insolente
Qui unit dans son lit
Les cheveux blonds, les cheveux gris.

Elle fait chanter les hommes et s'agrandir le monde.
Elle fait parfois souffrir tout le long d'une vie.

 

CHANTEUR DE JAZZ

J'ai marché Madison, la Cinquième et Central Park.
Le ciel crachait des bouffées de havane.
Les bateaux de l'Hudson formaient sur l'eau comme un arc.
Ils remorquaient comme une barque Manhattan.
Des voitures-téléphones aux vitres aveuglées
Passaient dans la fumée des chicanes.
Un orchestre mendiait sous les sabots du cheval
Du vieux héros général Sheridan.
Des forêts d'escaliers tombaient des toits incendiés
Comme le feuillage emmêlé des savanes.
Des sirènes ambulance aux vitres aveuglées
Déchiraient le silence à travers les fumées.

Chanteur de jazz.
Welcome to America.
Rimeur de phrases.
Welcome to America.

Chanteur de jazz.
Welcome to America.
Rimeur de phrases.
Welcome to America.

Dans le River Café, au pied du pont de Brooklyn,
Buvaient d'anciennes Marilyn, de vieilles femmes.
Des nuées de pédales sortaient de Carnegie Hall
En soldats de carnaval, en gitanes.
Des enfants de couleur, lunettes aveuglées,
Revendaient du bonheur à fumer.
Autour des tours jumelles, nouvelles tours de Babel,
Des hélices battaient de l'aile dans mon crâne.
Mais au bas du Pan Am, défilait la caravane
Des sept millions d'oncles Sam sur leur canne
Et là-bas des madones, le regard aveuglé,
Couraient dans les klaxons à travers les fumées.

Chanteur de jazz.
Welcome to America.
Rimeur de phrases.
Welcome to America.

J'ai marché Madison, la Cinquième et Central Park.
Le ciel crachait des bouffées de havane.
Les bateaux de l'Hudson formaient sur l'eau comme un arc.
Ils remorquaient comme une barque Manhattan.
Un orchestre mendiait sous les sabots du cheval
Du vieux héros général Sheridan.
Des forêts d'escaliers tombaient des toits incendiés
Comme le feuillage emmêlé des savanes.
Dans le River Café, au pied du pont de Brooklyn
Buvaient d'anciennes Marilyn, de vieilles femmes.
Des nuées de pédales sortaient de Carnegie Hall
En soldats de carnaval, en gitanes.
Autour des tours jumelles, nouvelles tours de Babel,
Des hélices battaient de l'aile dans mon crâne.
Mais au bas du Pan Am, défilait la caravane
Des sept millions d'oncles Sam sur leur canne


ATTENTION LES ENFANTS DANGERS

Ma chère Mamie,
Je passe de bonnes vacances. Il fait très beau
Et la nouvelle fiancée de Papa me plaît beaucoup.
Elle est très jolie et pas tellement plus vieille que moi.
Depuis qu'elle est à la maison,
Papa n'a plus un seul cheveu blanc.

Attention les enfants, danger :
Il y a des papas paumés.
Il suffit d'un courant d'air,
Deux seins sous un pull-over
Et tout peut arriver.
Attention les enfants : méfiance.
J'ai promis des mensonges immenses.
Vous en avez d'exemplaires,
Mais au pays des faussaires
J'ai des années d'avance.

Attention les enfants, courage.
J'envoie des signaux, des messages.
Même si c'est un ouragan,
Cyclone autour d'un divan,
C'est quand même un naufrage.
Attention les enfants, courage.

Ma chère Mamie,
Je ne t'enverrai pas cette lettre. Je viendrai
Te l'apporter moi-même. La jolie fiancée de papa
Est partie ce matin avec toutes ses valises.
Il a décidé que les vacances étaient finies.
Nous rentrerons tous ce soir. J'ai l'impression qu'il est
Content. Il recommence à ne plus se raser.

Attention les enfants, danger :
Il y a des papas paumés.
Un chagrin supplémentaire,
Une déprime involontaire
Et tout peut arriver.
Attention les enfants... prudence.
J'ai couru des voyages immenses.
Il a suffi d'un soupir
Pour faire pencher le navire.
Attention les enfants... méfiance.

 

ÊTRE UNE FEMME

Dans un voyage en absurdie
Que je fais quand je m'ennuis
J'ai imaginé sans complexe
Qu'un matin, je changeais de sexe
Que je vivais l'étrange drâme
D'être une femme

Femme des années 80
Mais femme jusqu'au bout des seins
Ayant réussit l'amalgame
De l'autorité et du charme
Femme des années 80
Moins Colombine qu'Arlequin
Sachant pianoter sur la gamme
Qui va du grand sourire aux larmes
Être un PDG en bas noir
Sexy comme autrefois les stars
Être général d'infanterie
Rouler des patins aux conscrits
Enceinte jusqu'au fond des yeux
Qu'on a envie d'appeler Monsieur
Être un flic ou pompier de service
Et donner le sein à mon fils

Femme, être une femme

Femme cinéaste, écrivain
A la fois poète et mannequin
Femme panthére sous sa pelisse
Femme banquière planquée en Suisse
Femme dévoreuse de minet
Femme directeur de cabinet
A la fois sensuelle et pudique
Et femme chirurgien esthétique
Une maîtresse Messaline
Et contremaîtresse à l'usine
Faire le matin les abattoirs
Et dans la soirée le trottoirs
Femme et gardien de la paix
Chauffeur de car, agent secret
Femme général d'aviation
Rouler des gamelles aux plantons

Femme, être une femme

Être un major de promotion
Parler six langues, ceinture marron
Championne du monde des culturistes
Aimer Sisi impératrice
Enceinte jusqu'au fond des yeux
Qu'on a envie d 'appeler Monsieur
En robe du soir à talon plat
Qu'on voudrait bien appeler Papa
Femme pilote de long courrier
Mais femme à la tour controlée
Qu'à donner jusqu'au porte-jartelles
Et aux stewarts, rouler des pelles
Maitriser à fond le système
Accéder au pouvoir suprême
S'intaller à la présidence
Et de là faire bander la France

Femme, être une femme

Femme et gardienne de prison
Chanteuse d'orchestre et franc-maçon
Une stripteaseuse a temps perdu
Emmerdeuse comme on en fait plus
Femme conducteur d'autobus
Porte des Halles, vendeuse aux puces
Qu'on a envie d'appeler George
Mais qu'on aime bien sans soutien-gorge

Être une femme (x10)

Femme des années 80
Mais femme jusqu'au bout des seins
Ayant réussit l'amalgame
De l'autorité et du charme
Femme des années 80
Moins Colombine qu'Arlequin
Sachant pianoter sur la gamme
Qui va du grand sourire aux larmes

Être une femme

Être un PDG en bas noir
Sexy comme autrefois les stars
Être général d'infanterie
Rouler des patins aux conscrits
Femme cinéaste, écrivain
A la fois poète et mannequin
Femme panthére sous sa pelisse
Femme banquière planquée en Suisse
Femme dévoreuse de minet
Femme directeur de cabinet
A la fois sensuelle et pudique
Et femme chirurgien esthétique
Être un major de promotion
Parler six langues, ceinture marron
Championne du monde des culturistes
Aimer Sisi impératrice
Femme et gardien de la paix
Chauffeur de car, agent secret
Femme général d'aviation
Rouler des gamelles aux plantons
Femme pilote de long courrier
Mais femme à la tour controlée
Qu'à donner jusqu'au porte-jartelles
Et aux stewarts, rouler des pelles
Maitriser à fond le système
Accéder au pouvoir suprême
S'intaller à la présidence
Et de là faire bander la France
Femme des années 80
Moins Colombine qu'Arlequin
Sachant pianoter sur la gamme

 

JE VAIS T'AIMER

A faire pâlir tout les marquis de Sade
A faire rougir les putains de la rade
A faire crier grâce à tous les échos
A faire trembler les murs de Jéricho
Je vais t'aimer

A faire flamber des enfers dans tes yeux
A faire jurer tout les tonnerres de Dieu
A faire dresser tes seins et tout les saints
A faire prier, supplier nos mains
Je vais t'aimer

Je vais t'aimer comme on ne t'a jamais aimé
Je vais aimer plus loin que tout tes rêves ont imaginé
Je vais t'aimer (x2)
Je vais t'aimer comme personne n'a osé t'aimer
Je vais t'aimer comme j'aurais tellement aimé être aimé
Je vais t'aimer (x2)

A faire vieillir, à faire blanchir la nuit
A faire brûler la lumière jusqu'au jour
A la passion et jusqu'à la folie
Je vais t'aimer
Je vais t'aimer d'amour

A faire cerner, à faire fermer nos yeux
A faire souffrir, à faire mourir nos corps
A faire voler nos âmes aux septième cieux
A se croire mort et faire l'amour encore

Je vais t'aimer comme on ne t'a jamais aimé
Je vais t'aimer plus loin que tout tes rêves ont imaginé
Je vais t'aimer (x2)
Je vais t'aimer comme personne n'a osé t'aimer
Je vais t'aimer comme j'aurais tellement aimé être aimé
Je vais t'aimer (x2)